Chers Camerounais, Chères Camerounaises, Bonsoir !
Ce jour a été une journée capitale pour notre pays. Nous avons vu des milliers de Camerounais exprimer leur frustration avec le pays au point de vouloir rompre notre union. Aucun camerounais ne peut être indifférent.
Je veux commencer par exprimer la sincère sympathie du Cameroon People’s Party aux victimes de cette crise. Les familles ont perdu leurs proches; des activistes et les membres des forces de l'ordre ont été blessés. Le CPP vous exprime sa compassion.
Pour ceux et celles qui protestez aujourd'hui, le Cameroon People’s Party reconnaît votre droit à votre opinion sur l'avenir de notre pays et apprécie le fait que, en majorité, vous avez exprimé ce droit sans violence au cours des dix derniers mois.
Le CPP condamne toutefois fermement, les activistes qui ont choisi de s'exprimer à l'aide de la violence. Vous ne pouvez pas mettre en danger la vie de ceux dont vous prétendez défendre les droits. Vous ne pouvez pas menacer les gens et utiliser la peur pour les contraindre à agir.
En faisant cela, vous violez les principes de la liberté et de justice. Vous violez la loi. Tout citoyen du Cameroun a le droit de protester. Le CPP félicite ceux qui l'ont fait de manière non violente et les encourage à exercer leur droit en utilisant cette approche efficace.
Aux forces de l'ordre public, le CPP reconnaît le défi qui est celui d'essayer de maintenir l'ordre en ce moment de tensions extrêmement élevées. Nous voulons remercier la majorité de ceux qui ont travaillé professionnellement, assurant la sécurité tout en respectant les libertés fondamentales des citoyens que vous protégez.
Le CPP doit cependant souligner que la violence, les abus, l'injustice et l'illégalité commis par les forces de l'État ont été significativement présents dans cette crise. Ils ont joué un rôle fondamental, poussant de nombreux compatriotes au point où ils veulent aujourd'hui quitter le Cameroun.
C'est inacceptable !
Le CPP rappelle à toutes nos forces armées que vous êtes au service de la nation et que la nation est son peuple. Tout citoyen du Cameroun a droit à la sécurité, à la dignité et au respect des libertés fondamentales. C'est votre travail d’assurer ces éléments. Lorsque vous échouez à le faire, même pour quelques citoyens, vous mettez la nation en danger, comme c'est le cas aujourd'hui. Vous avez un travail difficile à faire. Cependant, c'est dans les moments de tension et de crise que les principes fondamentaux et les valeurs d'une nation sont forgés. Le CPP vous implore de respecter votre code : l'honneur et la fidélité envers la nation et son peuple. Notre avenir collectif en dépend.
Au chef de l'Etat, Monsieur Paul Biya.
Les événements d'aujourd'hui sont le résultat direct de la gestion catastrophique de cette crise par vous et votre régime.
Malgré les appels de presque tous les acteurs politiques, religieux et de la société civile, vous avez été insensible et vous avez agi sans patriotisme.
Vous avez refusé d'engager un dialogue sincère et approfondi pour répondre aux problèmes fondamentaux soulevés par les citoyens.
Après 57 ans de discrimination dont 34 étaient sous votre gouvernance, la peine de ces citoyens s’alourdit et s’approfondit.
Vous avez utilisé la violence de l'État pour des arrestations arbitraires et illégales. Pour maltraiter physiquement et mentalement les détenus, et pour créer une atmosphère de peur et de méfiance.
Votre propre pouvoir pour abandonner les accusations portées contre les détenus a été mis en œuvre de manière injuste. Vous avez libéré certains et maintenu d’ autres sans justification. Le résultat, des tensions accrues qui ont conduit aux événements d'aujourd'hui. Vous avez refusé de vous impliquer personnellement; traitant vos citoyens avec mépris et sans égard et mépris.
Pour le CPP, ce n'est pas nouveau. Nous vous avons vu mal géré la lutte contre Boko Haram, la Catastrophe d’Eseka, l'affaire Monique Koumatekel, sans compter les services de base pour les Camerounais: l'eau, l'électricité, les routes, les écoles, etc. Vous avez mal gérer nos ressources, vous avez mis nos vies en danger, vous avez éliminé tout espoir en un avenir pour nos enfants et aujourd'hui, vous mettez en danger l'existence même de notre pays.
Cela fait 34 ans que vous, monsieur Biya et votre régime, ne cessez d’échouer.
Aujourd'hui, cet échec amène des milliers de Camerounais à vouloir quitter notre pays. Monsieur Biya, nous ne pouvons pas permettre que cela se produise. Le 26 juillet 2017, le CPP vous a écrit avec des suggestions pour apporter des solutions aux problèmes clés du pays, y compris cette crise anglophone. Nous vous avons informé que le délai d'action était de 2 à 3 semaines, à compter du 26 juillet au-delà duquel ces crises deviendraient périlleuses pour notre pays. Vous n'avez pas écouté, vous n’avez pas agi. Aujourd'hui, c'est la fibre même de notre nation qui est en jeu.
Face à cette situation, nous, le Cameroon People’s Party, appelons tous les Camerounais qui croient en l'avenir de notre pays, tous les Camerounais qui croient, que bien que nous ayons scellé cette union en venant d’horizons différents et bien que nous ayons une histoire complexe, nous partageons des principes communs, des valeurs communes et une culture diverse mais commune. Tous les Camerounais qui croient en notre avenir est ensemble en tant que nation, nous vous appelons à agir maintenant !
Si vous n'agissez pas, nous perdrons nos frères et sœurs.
Si vous n'agissez pas, nous allons entrer dans un conflit prolongé et compliqué, où il n'y aura pas de gagnants.
Si vous n'agissez pas, le Cameroun tel que nous le connaissons peut cesser d'exister.
Agir ! Agir pour quoi?
Agissez pour reconstruire le fondement même de notre pays. Le Cameroun est une nation en crise parce que le fondement même de notre nation est pourri. Pour résoudre la crise anglophone, la crise de Boko Haram, la crise de l'éducation et la crise de la santé, pour résoudre la crise de la gouvernance dans notre pays bien-aimé, nous devons aller au cœur, extirper la pourriture et reconstruire.
Nous ne pouvons le faire que si les anglophones et francophones, Camerounais du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest se réunissent et agissent sans violence, mais avec détermination pour réaliser une transition politique pour notre pays.
Que signifie transition politique?
La transition politique signifie que M. Biya et son régime se mettent de côté.
Cela signifie que nous devons mettre en place un gouvernement de transition composé de personnes neutres et représentatives qui nous aiderons à conduire la transition.
La transition politique signifie que nous devons tenir un dialogue national sur la nature même de notre nation, sur notre histoire, sur notre identité d'anglophones et de francophones, sur notre identité d'Africains. Nous tenos un débat sur la la relation entre le gouvernement et ses citoyens, la forme de l'Etat. Toutes les questions fondamentales auxquelles nous sommes confrontés doivent être débattues.
Ce dialogue national doit inclure tous. Les Camerounais sur l’étendue du territoire doivent participer. Les anglophones et les francophones ; ceux qui croient en l’état unitaire, ceux qui croient en la fédération et ceux qui veulent deux états indépendants. Nous devons entendre toutes les perspectives, débattre et discuter, afin de décider de notre avenir ensemble.
La transition politique signifie que, sur la base de ce dialogue national, nous réécrivons une nouvelle constitution, nous réformons nos institutions clés de la justice, du Parlement et du Gouvernement.
La transition politique signifie que nous réformons le système électoral pour correspondre à la nouvelle nature et forme de notre Etat.
La transition politique signifie que nous organisons des élections pour élire de nouveaux dirigeants qui reflètent la nation que nous avons rétablie.
C'est la ferme conviction du CPP que la plupart d'entre nous veulent vivre ensemble en tant que nation.
Nous partageons les principes de justice, d'équité, de richesse partagée et de prospérité.
C’est la ferme conviction du CPP, que la majorité d'entre nous, francophones et anglophones, veulent vivre dans un pays où l'histoire et les droits de tous les citoyens sont respectés.
Un pays où chaque citoyen sera éduqué, sera servi en justice et recevra des services de base dans une langue et dans un système qu'il mérite. Le CPP croit fermement que nous avons la possibilité et la capacité de construire cette nation. Nous vous demandons aujourd'hui de vous mettre débout.
Debout pour le Cameroun. Agissons maintenant pour le Cameroun.
Construisons ici pour le Cameroun !
L'histoire nous posera une seule question : "Qu'est-ce que vous avez fait?"
Chers Camerounais, chères camerounaises quelle sera votre réponse ?
Kah Walla, Présidente Nationale